Dissolution du gouvernement : « tous les organes de la transition ont manqué au rendez-vous des Guinéens » (Aboul Sacko)

Hier lundi, le président de la transition guinéenne, le Général Mamadi Doumbouya, à travers un décret lu par le CNRD, a dissous le gouvernement de Dr Bernard Goumou. Abdoul Sacko de la société civile, qui a accordé une interview téléphonique à notre rédaction, dit qu’il n’est pas surpris de cette nouvelle. Cependant, cet acteur de la société civile se pose des tas de questions.

« Une surprise, non, mais une satisfaction peut-être. C’est là où la question pourrait se poser. Pas une surprise dans la mesure où nous savions déjà avec tous les voyants rouges dans notre pays, c’est-à-dire tous les secteurs de la vie nationale en tout cas, les secteurs stratégiques sont affectés par la gestion amateuriste qui a une dimension donnée non consensuelle de la transition. Donc pour nous depuis longtemps des actions devaient être entreprises pour rectifier la situation. Mais lorsque nous voyons au jour d’aujourd’hui le fait que les Guinéens sont habitués à des rendez-vous manqués ou des promesses ou à des exploits suscités trahis au fil du temps pour des appétits liés à la gestion du pouvoir. Nous estimons qu’il faut avoir de la retenue, il faut avoir un sens de responsabilité qui consiste d’abord à savoir quels sont les contours réels de cette dissolution. Est-ce faire du gouvernement un bouc émissaire pour se repositionner ? Si c’est le cas, ça serait davantage suicidaire pour nos compatriotes du CNRD. Mais tant mieux si toutefois c’est une prise de conscience qui consiste à savoir qu’au jour d’aujourd’hui le mal il est profond et que les 2 ans passés ont crée plus de problèmes que de résoudre des problèmes qui étaient là. Moi je pense si c’est dans ce cadre là le CNRD ira vers une autre forme de responsabilité qui consiste à considérer d’abord la transition comme une situation anormale qui doit rassembler les Guinéens dans leur diversité pour aller vers le retour à l’ordre normal », a-t-il lancé à l’entame.

Par ailleurs, Abdoul Sacko dira qu’il ne faut pas aller vite en besogne pour crier de façon hâtive ou émotionnelle à la victoire. « Dire qu’il a bien fait de prendre cette décision, je pense que ça va être trop dit.

Nous estimons quand même si toutefois d’autres actions parvenaient à suivre cette dissolution des actions parce qu’il ne faut pas considérer le gouvernement comme le mal. Tous les organes de la transition sont infectés, tous les organes de la transition ont manqué au rendez-vous des Guinéens. Donc si des actions fortes suivent en d’autres termes comme la réparation des droits violés, tels que les libertés d’expression, de presse, les emprisonnements à long terme sans procès pour ceux qui sont accusés çà et là. Si l’internet est retabli et que le CNRD non pas pour procéder à la nomination comme si le problème c’est un problème de gouvernement mais procéder d’abord à une évaluation à fond avec l’ensemble des Guinéens de la gestion de la transition, de définir les nouveaux contours de la transition pour respect du calendrier de la transition. Si ces actions sont entreprises, nous pouvons dire que c’est salutaire. Mais dans le cas échéant, il ne faut pas aller vite en besogne pour crier de façon hâtive ou émotionnelle à la victoire », dira t-il.

Parlant d’une éventuelle proposition du futur gouvernement, Abdoul Sacko a fait remarquer ceci: « la mauvaise lecture serait d’abord de dire qu’il faut choisir Binta, Finda ou Djouldé. Ce n’est pas ça le véritable problème. Le problème c’est comment regrouper les Guinéens autour de l’idéal du contenu réel de la transition de façon juste, réaliste et responsable. De savoir que même les gouvernements normaux ont des problèmes à plus forte raison un gouvernement de transition.Mais mieux, je pense que ça sera aberrant qu’on puisse dire déjà que tel ministre est performant ou tel ne l’est pas sans faire une véritable évaluation parce que lorsqu’on dit que les comptes sont gelés, lorsqu’on dit que les interdictions de voyage sont émises contre les membres du gouvernement cela veut dire que c’est leur gestion qui est incriminée. Donc vouloir reconduire Paul ou Pierre sans d’abord faire un audit, une évaluation de fond de sa gestion, je pense ça sera une simple comédie », a indiqué Abdoul Sacko.

Pour terminer, il dira au CNRD que cet arrêt doit être perçu comme un arrêt de rectification, un arrêt de mea-culpa, un arrêt qui consiste à mettre en cause la gestion totale de la transition…Mais toute autre stratégie de repositionnement ou de gagner davantage du temps dans les privilèges du pouvoir à travers cette dissolution comme bouc émissaire serait davantage les conduire vers la porte du déshonneur.

Christine Finda Kamano
622716906

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