Ambassade de la R. de Guinée au Sénégal

Conakry. Quand la drogue kush tue des pères de famille

20 septembre 2025

Le fléau de la drogue Kush continue de frapper le Grand Conakry. Longtemps perçue comme l’apanage de jeunes désœuvrés, de sans-abri ou de marginaux sans attaches, cette drogue redoutable élargit désormais son cercle funeste. De plus en plus, ce sont des pères de famille, parfois intégrés socialement, qui succombent à ses effets dévastateurs.

Une découverte macabre à Bonfi

Samedi 20 septembre, au débarcadère du port de Bonfi, le corps sans vie d’Alhassane Soumah, 31 ans, a été retrouvé dans une pirogue. Marié, père de trois enfants et bientôt d’un quatrième, il vivait à Entag avec sa mère et son épouse.

Alertés, la police technique et scientifique ainsi que le commissariat central de Matam se sont rendus sur place. Les premiers constats ont révélé la présence de mousse au niveau de son nez et de sa bouche, renforçant l’hypothèse d’une mort liée à la consommation de Kush.

Un proche, le jeune frère de sa mère, témoigne avec amertume :
« Alhassane était un jeune instruit dans le Coran. La dernière fois que j’ai eu de ses nouvelles, il travaillait comme agent de sécurité. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu. Quand j’allais voir sa mère, il y a deux semaines, elle me demandait si j’avais croisé Alhassane. Je lui avais dit non. J’avais remarqué qu’il m’évitait, peut-être parce que je lui proposais souvent de l’aider. Même quand il venait à la maison, il dormait et repartait aussitôt. »

Un site miné par des consommateurs de drogue

Sur les lieux, les agents de sécurité ont recommandé un renforcement de la vigilance au port de Bonfi, régulièrement pris d’assaut par les consommateurs de drogue.
Bengali Kourouma, chef adjoint du port, reconnaît la difficulté de la tâche :
« Nous les chassons jusqu’à 17 heures, mais après notre départ, ils reviennent par d’autres entrées. Il est impossible de surveiller tout le temps. Une association est déjà intervenue ici pour sensibiliser, mais cela n’a pas suffi. »

Il a, par ailleurs, sollicité un appui accru des forces de l’ordre pour contenir ce fléau.

Le corps d’Alhassane Soumah a finalement été remis à sa famille pour inhumation, sur instruction du procureur.

La Kush, une drogue meurtrière aux multiples variantes

Selon une source anonyme, le marché de la Kush résiste malgré les ratissages des forces de l’ordre. Différentes qualités circulent : une variété prémium se vendrait autour de 45 000 GNF la dose, tandis qu’une autre, communément appelée « marteau », considérée comme la drogue du pauvre, serait moins chère mais bien plus létale, en raison de sa puissance.

Un autre drame à Kaloum

Ce samedi n’était pas un cas isolé. Quelques jours plus tôt, le mardi, un autre père de famille a succombé à la drogue. Alya Cissé, âgé d’une cinquantaine d’années, marié à deux femmes et père de sept enfants, a été retrouvé agonisant en bord de mer au quartier Téménètaye, dans la commune de Kaloum.

Transporté en urgence à l’hôpital Ignace Deen vers 14 heures, il a rendu l’âme à 17 heures, malgré les efforts des médecins. Là encore, des signes évidents de consommation de Kush étaient visibles sur son corps.

Un signal d’alarme pour la société

Ces drames répétés traduisent une évolution inquiétante : la drogue Kush ne touche plus seulement les marginaux, mais s’invite désormais dans les foyers, brisant des familles et laissant des enfants orphelins.

Malgré les campagnes de sensibilisation et les opérations de répression, la propagation de cette drogue persiste. Face à ce constat alarmant, la société civile et les autorités sont appelées à renforcer leurs efforts conjoints, pour enrayer un phénomène qui menace désormais le tissu social lui-même.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

L’article Conakry. Quand la drogue kush tue des pères de famille est apparu en premier sur Guinee7.com.

Last modified: 20 septembre 2025

Comments are closed.