
Alors que l’élection présidentielle guinéenne est prévue pour le 28 décembre, une partie de la jeunesse politique dénonce son exclusion du processus électoral, en raison de l’âge minimal requis pour se porter candidat. Lamine 1 Kamano, président du Forum national des jeunes des partis politiques (FONAJEP), déplore une exclusion qu’il juge « injuste », tout en annonçant une participation active de son organisation à travers l’observation du scrutin. Dans cet entretien accordé à Guinee7.com, il revient également sur les tensions internes au sein du Forum, notamment après le retrait de l’UFDG.
Guinee7.com : L’élection présidentielle en Guinée est programmée pour le 28 décembre prochain. L’un des critères pour être candidat, c’est l’âge : il faut avoir au moins 40 ans selon la Constitution et 44 ans selon le Code électoral. Ce critère élimine de facto les jeunes, dont l’âge varie entre 15 et 35 ans selon la Charte africaine de la jeunesse. Vous, en tant que jeune issu des partis politiques, comment percevez-vous cela ?
Lamine 1 Kamano : cette question qui exclut aujourd’hui la jeunesse politique
Guinée, nous l’avons appris avec une déception totale. Le Forum national des jeunes des partis politiques à part aux concentrations qui ont été initiées par le CNT. Nous avons adressé un mémo, nous avons tenu devant les conseillers nationaux notre souhait de participer à toutes les élections, à commencer par les élections présidentielles. Mais si, au finish, le CNT a proposé un projet de loi électorale qui exclut les jeunes, qui sont la force importante de l’électorat guinéen, nous pouvons déplorer cet état de fait.
Malheureusement, le président de la République est venu confirmer cela en promulguant par décret la loi électorale. Mais au-delà de ça, le Forum ne restera pas recroisé. On va jouer notre participation dans cette élection présidentielle. Et à l’issue de l’élection présidentielle, le président qui sera démocratiquement élu, nous allons plaider pour que cette loi soit révisée pour donner la possibilité aux jeunes de partis politiques ou aux jeunes candidats indépendants de pouvoir participer à l’élection présidentielle dans les années à venir.
Vous parlez de participation. Comment se manifestera concrètement cette participation ?
La participation, ce n’est pas apporter notre candidature à cette élection présidentielle. Le forum est composé aujourd’hui de 69 partis politiques. Nous sommes représentés sur l’ensemble du territoire national, dans les 33 préfectures et dans 229 sous-préfectures. Notre choix aujourd’hui, le souhait du Forum, c’est d’avoir une cité stable, un pays où il y a la critique sociale, un pays où la paix va régner, un pays où le développement sera possible. Alors c’est dans ce sens que le Forum va participer. Ça veut dire que nous allons nous organiser, dans les jours à venir, vous allez le voir, nous allons participer d’abord à la formation d’un ensemble de délégués du Forum sur l’observation électorale. Il faudrait que les résultats qui seront proclamés le lendemain ou le surlendemain du 28 décembre soient des résultats acceptables, soient des résultats crédibles, soient des résultats qui vont maintenir le pays dans la stabilité sociale et politique. Voilà où le Forum va jouer un rôle capital dans l’observation de ce processus électoral.
Comment le FONAJEP gère-t-il la collaboration avec les partis politiques suspendus par le ministère de l’Administration du territoire (MATD) ?
Au Forum, nous recevons les partis qui sont légalement constitués en République de Guinée, qui sont en règle avec le ministère de l’Administration du territoire en tant que tutelle. Ce qu’il faut souligner, l’acte qui autorise l’exercice d’activités politiques en République de Guinée, c’est l’agrément. Cet agrément est signé par le ministre de l’Administration du territoire. Lorsque le ministre de l’Administration du territoire prend un acte de suspension pour dissoudre un parti politique, ce parti politique cesse d’être membre du Forum.
Après l’évaluation, nous avons reçu le rapport de cette évaluation. Mais chez nous, le rapport est différent d’un acte administratif qui est l’agrément que le MATD octroie aux partis politiques. Les partis politiques sont en train de s’organiser à l’intérieur pour répondre aux exigences du MATD. Après la première évaluation, il y avait 97 partis politiques qui avaient répondu aux exigences du MATD. Mais après quelques mois, quand on s’est reçus avec la Direction générale des affaires électorales, il y a eu plus de 100 autres partis politiques qui sont revenus. On s’est reçus à 126 partis politiques, mais ils ont régularisé leur situation, (…). Si vous êtes en règle avec le ministère, vous travaillez au sein du Forum. Mais au-delà de ça, tant que le ministère n’a pas pris un acte officiel pour suspendre un parti politique, pour dissoudre, ces partis restent membres du Forum.
Le retrait de l’UFDG du Forum a-t-il un impact sur votre fonctionnement ?
Le retrait de l’UFDG n’a pas d’incident. Vous avez 69 partis politiques. Si l’UFDG prend aujourd’hui la décision, ce qui nous a même étonnés, parce que l’UFDG, dans le passé, tous les mandats, l’UFDG a été président du Forum, a occupé le poste de vice-présidence. Tout récemment, le mandat qui vient d’être bouclé et où nous avons pris la tête du Forum, L’UFDG était vice-président, l’UFDG était coordinateur de la zone Moyenne Guinée, l’UFDG était responsable des projets. Cela veut dire que l’UFDG a été associée sur toute la ligne pendant les deux dernières années des activités du Forum.
Alors, si l’UFDG motive la suspension de sa participation au Forum pour dire que le Forum est en train de soutenir les actions du CNRD ou accompagner le CNRD, on s’inscrit à fond. Mais la vraie raison du départ de l’UFDG se trouve ailleurs. La vraie raison, c’est que l’UFDG voulait le poste de vice-présidence. Nous avons dit qu’il fallait donner la chance aux autres partis politiques membres du Forum. Nous sommes 69. Vous n’avez pas deux fois, pas deux mandats, la vice-présidence ou la présidence.
Il faut donner la possibilité aux autres partis politiques qui sont membres du Forum de briguer aussi la vice-présidence ou la présidence du Forum. C’est la raison principale de leur départ. Les délégués de l’UFDG, s’ils sont de bonne foi, ils peuvent en témoigner, ils peuvent le dire. On a eu des discussions, j’ai eu des discussions avec le secrétaire général du bureau politique de la jeunesse, j’ai eu des discussions avec les délégués individuellement et nous étions sur le point de nous entendre. Mais nous avons confié d’autres responsabilités aux délégués de l’UFDG. La coordination de la région forestière avait été proposée à l’UFDG et qui l’avait même acceptée. Le porte-parolat, nous avons dit cette fois-ci, on va créer ce poste. Ce poste a été créé. L’UFDG était censée porter la voix du Forum.
Nous avons l’ambition d’aller au-delà des frontières guinéennes et on avait même pensé confier cette responsabilité à l’UFDG. Mais si l’UFDG veut tout d’un coup avoir le poste de vice-présidence, ça nous étonne. Pourquoi il veut s’accrocher à ce poste de vice-présidence pendant qu’il y a 68 autres partis politiques qui veulent avoir le même poste ? Il y a eu deux fois par suite le même poste. Nous avons décidé que d’autres partis briguent la magistrature du Forum et la vice-présidence. C’est la raison de leur départ. Mais les portes et les fenêtres du Forum, comme le disaient les autres, restent ouvertes pour le retour de l’UFDG. Nous avons pris acte de cette lettre de suspension.
Entretien réalisé par Bhoye Barry pour guinee7.com
L’article Présidentielle 2025 : écartés du scrutin, les jeunes s’organisent pour peser autrement (entretien) est apparu en premier sur Guinee7.com.
Last modified: 17 octobre 2025