Le colonel Assimi, investi président de la période de transition censée ramener les civils au pouvoir au Mali, a assuré lundi que son pays respecterait tous ses engagements, à l’adresse de ses principaux partenaires internationaux qui exigeaient des garanties que les mlitaires céderaient la place début 2022 après deux coups d’Etat.
“Je voudrais rassurer les organisations sous-régionales, régionales et la communauté internationale en général que le Mali va honorer l’ensemble de ses engagements pour et dans l’intérêt supérieur de la nation”, a dit le colonel Goïta après avoir prêté serment en uniforme d’apparat devant la Cour suprême.
L’ancien commandant de bataillon des forces spéciales a dit en particulier sa volonté d’organiser “des élections crédibles, justes, transparentes aux échéances prévues”.
Les militaires s’étaient engagés après un premier putsch le 18 août 2020 à organiser des élections présidentielle et législatives le 27 février 2022.
Cet engagement avait cependant été mis en doute par un nouveau putsch le 24 mai dernier quand le colonel Goïta, resté l’homme fort du pouvoir, avait fait arrêter le président et le Premier ministre, cautions civiles de la transition ouverte après le premier coup d’Etat.
Après ce double coup de force, la France vient après huit années d’étroite collaboration de suspendre les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes contre les jihadistes, dans l’attente de “garanties” de la part des colonels. Elle a évoqué les “lignes rouges” tracées par la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) après le putsch de mai.
La Cédéao, suivie par l’Union africaine et l’Organisation de la Francophonie, a suspendu le Mali de ses institutions. Elle a exigé la nomination “immédiate d’un Premier ministre civil”, affirmé la nécessité que la période de transition reste limitée à 18 mois comme les militaires s’y étaient engagés de mauvaise grâce après le premier putsch d’août 2020, et déclaré que la date prévue de la présidentielle devait être maintenue “à tout prix” au 27 février 2022.
Bien qu’il ait déjà signé des actes en qualité de président, l’investiture officielle du colonel Goïta était attendue comme l’un des moments où il pouvait fournir ou non les garanties réclamées. Un autre est la nomination d’un Premier ministre, qui ne devrait plus tarder.
“Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain (…) de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national”, a dit le colonel Goïta au Centre international de conférence de Bamako (CICB) devant un parterre d’officiels civils et militaires, gardés par des hommes en tenue de camouflage.
Dans un signal politique, les ambassades occidentales avaient généralement décidé d’envoyer à l’investiture un collaborateur plutôt qu’un ambassadeur.
– Double coup de force –
Le colonel Goïta est l’acteur principal du double putsch qui a fait de lui le président de transition d’un pays en pleine tourmente depuis des années.
Lors du premier, un groupe de colonels a renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta, affaibli par la contestation menée depuis des mois par le Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5/RFP), un collectif d’opposants, de religieux et de membres de la société civile.
La junte s’était alors engagée à une période de transition limitée à 18 mois et conduite par des civils. Elle avait installé des organes de transition, en prenant soin de marginaliser le M5/RFP.
Après le putsch du 24 mai dernier, le colonel Goïta a décidé de ramener le M5 dans le jeu.
Celui qui tient la corde pour accéder au poste de Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, est un vétéran de la politique issu des rangs du M5. Il a lui-même tenté vendredi de rassurer en promettant que son pays tiendrait ses engagements.
– 160 morts au Burkina –
Pour le Mali, dont les forces manquent de moyens, le maintien des partenariats est un enjeu crucial.
Officiellement et jusqu’à nouvel ordre, la force antijihadiste Barkhane, qui engage environ 5.100 militaires au Sahel, ne sortira plus de ses bases pour des opérations sur le terrain au Mali, même si elle continuera à frapper, si l’occasion s’en présente, les chefs jihadistes.
La situation dans la zone d’action de Barkhane reste pourtant préoccupante.
Au Mali, au moins 11 membres d’une communauté touareg ont été tués jeudi par des inconnus près de Ménaka (Nord-Est).
Le Burkina Faso voisin a pour sa part subi dans la nuit de vendredi à samedi l’attaque la plus meurtrière menée par des jihadistes présumés depuis 2015. L’effroyable bilan s’établit à au moins 160 morts, selon des sources locales.
Afp
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Last modified: 7 juin 2021