Football. Bogola et Bouba jouent et…perdent !

Les Ivoiriens diraient : Ils ont tapé poteau ! Qui n’aime pas comme nos voisins manient la langue de Molière ? Bogola et Bouba ont joué et ont…perdu.

Il fallait oser. Bouba Sampil l’a fait. Révoqué provisoirement par la majorité d’un Comité Exécutif qu’il pensait tenir en laisse, le désormais ex-président de la Fédération guinéenne de football a ‘‘accepté’’ son sort. Mais attention : sous réserve de consultation. De qui ? De quoi ? Mystère et boule de gomme. Sans doute d’un miroir, seul à même de lui renvoyer encore l’image d’un lion qui marche seul dans sa forêt.

Avant sa chute toute en délicatesse hier, notre champion dans un média, avait entrepris une brillante croisade grammaticale : ‘‘En français, on suspend, on ne révoque pas provisoirement !’’ a-t-il professé, toge imaginaire au vent. Hélas, Bouba avait découvert un peu tard que les statuts qu’il a si avidement épousés pour son élection contiennent quelques épines.

Et pendant que le roi lion rugissait dans les syntaxes et sémantiques, la loi, elle, continuait à s’appliquer. Révocation provisoire ou suspension définitive, ou suspension tout court, la porte de sortie restait la même : un aller simple vers l’isolement. Il ne sera pas dépaysé. Il est un lion qui marche déjà seul.

Mais la tragi-comédie ne s’arrête pas là. Rappelez-vous,  Bogola Haba, le ministre des Sports, éminent juriste de circonstance, a découvert dans un éclair de lucidité que l’agrément de la FEGUIFOOT a expiré. Oui, mais pas tout à fait. Car selon la loi, l’agrément bénéficie d’un sursis de trois mois. En attendant une demande de son renouvellement.

Face à cette gêne, notre ministre, improvisé professeur de droit créatif, nous gratifie d’une comparaison digne d’un spectacle de Kabakoudou : ‘‘Trois mois, ce n’est pas trois mois. Quand ton passeport expire, on te pardonne pour te promener, mais pas pour voyager !’’ Une analogie lunaire, taillée sur mesure pour justifier l’injustifiable… et rappeler accessoirement que l’interprétation des lois reste une discipline très laborieuse. Surtout chez le ministre Bogola.

De toute façon, malgré toutes ces acrobaties verbales, Bouba Sampil n’a pas été sauvé. Son complice au ministère non plus. La loi, capricieuse et ingrate, ne reconnaît ni l’amitié, ni les consultations…

Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com